Tout est relatif en ce bas monde mais si je m’en tiens à votre heure d’arrivée, vous avez fait une sorte de grasse matinée !

12 mars 2018 11:46:41

Les premiers bourgeons sont-ils sortis ?

Je ne déroge pas à mon devoir de fragmentation littéraire ;-)

If philosophy aims to make a difference in our lives, then why not practice it as an art of living, as most ancient philosophers recommended and several modern greats (…) have likewise affirmed ? Here philosophy’s cultural politics could take the eminently pragmatic form of seeking to benefit life not merely by writing texts but by other forms of concrete praxis in the world, by more robustly embodied forms of action and cultivation, including somatic disciplines that can make a positive difference to the perception, performance, and attitudes of the practitioner and to her capacities to understand and productively engage with the people and environments that surround her.

Richard Shusterman, “Pragmatism and Cultural Politics : From Rortian Textualism to Somaesthetics.” (2010)


Tout en inventant des propos choc, je calcule consciencieusement la suite ordonnée des personnages humains.

La chronique s’ensuit

Ce soir, j’ai encore relu Le Capital !

Cette version :

http://digamo.free.fr/capital63.pdf

Alors, évidemment, ma chronique a des accents marxiens. Le meilleur argument est formé par la grappe de thèmes suivante : bourgeoisie, ouvriers, classe ouvrière, patronat, bourse, syndicats, chômage, travail, contrat de travail, employeurs, salariés, CGT, Medef, entreprises, multinationales, revendications, luttes, grève, grèves, licenciements, profits, patrons, travailleurs, néolibéralisme, capitalisme, mondialisation… Comme je dois rester concis, je relève avant tout ce titre : « De quoi le stalinisme est-il le nom ? »

« Par conséquent, à cause de ce rejet du socialisme au sein des travailleurs, l’extrême-droite parvient à surfer sur des positions protectionnistes ambigües tout en assurant bien le patronat (ou tout au moins son antenne vedette le MEDEF) qu’il n’y a pas de danger pour les bases de la société capitaliste. »

De même, cet autre texte : « Et si la mission de l’entreprise ne se limitait plus au profit  ? » qui nous apprend ceci :

" " Pour ce patron d’une entreprise de 7500 salariés qui assure en France 3 millions de ménages, l’appartenance au secteur de l’ESS ne résout pas tout. "

c’est à la qualité de ses citations que l’on reconnaît le bon sociologue numérique :

Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l’horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! »

Karl Marx, Critique du programme de Gotha et d’Erfurt (1875)

Le capitalisme n’a plus à affronter le communisme mais on retrouve bien, malgré l’euphémisation produite par la langue des nouvelles classes bourgeoises, les contradictions pensées par Marx et Engels, revécues à travers les luttes sociales, comme celles qui sous-tendent des thèmes comme « bourgeoisie » et « ouvriers » :

Aux côtés de Gilberto_Gil, Nando Reis, cadet biberonné à sa musique, et Gal Costa, douce égérie du totémique Tropicália, LP paru à l’été 1968 où la critique aussi acerbe que joyeuse de la bourgeoisie s’appuyait sur une radicale ouverture vers toutes les musiques.

« Au Brésil, « brelan d’as » et lutte des classes – Culture / Next », AFP, 12 mars 2018

Les ouvriers mènent donc une lutte qui se traduit par de multiples grèves, par des révoltes, par leur propre organisation en Soviets, et en Juin ou en Octobre par la participation à des tentatives d’insurrection.

« De quoi le stalinisme est-il le nom ? », Agoravox, 12 mars 2018

La délinquance économique est un fil pertinent pour saisir les tensions internes au capitalisme, liées aux conflits qui opposent les intérêts privés et les normes régulatrices imposées aux élites par le jeu de la démocratie formelle. Et ces conflits montent à la surface, agitant la superstructure : corruption, favoritisme, fausses informations, malversation, blanchiment, utilisation frauduleuse, fraude fiscale, fraude, détournements, trafics, ingérence, trafiquants, recel, argent sale, gendarme boursier… C’est le marché de cette journée en un sens !

Une dépêche est notamment dominante de ce point de vue : « L’ironie du bitcoin ». On lit en particulier :

On a assisté à des détournements de bitcoins par des intermédiaires, Mt Gox étant le plus célèbre d’entre eux.

Que ces intermédiaires aient fraudé ou aient été victimes de fraudes n’est pas vraiment le coeur du problème.

Or, en échange du service de mise à jour du registre qu’ils rendent à la communauté, ces administrateurs sont rémunérés… en bitcoins créés ex-nihilo ! Quelle ironie de constater que cette rémunération ne coûte rien à personne, même pas aux bénéficiaires du service ! Pas étonnant que le bitcoin ait pu être qualifié de « serpent qui se mord la queue », de fraude, ou de pyramide de Ponzi ! Et demain ? En dehors des pays en développement ou à gouvernance non structurée, vouloir se passer (et espérer pouvoir se passer) des monnaies fiduciaires est une utopie.

Le propre de l’idéologie dominante, dont le charabia ne cesse de se transformer pour mieux masquer les rapports d’exploitation, est de mettre en avant le rôle des personnes, en plongeant les événements dans un discours personnaliste, qui évite la rudesse de l’objectivisme économique. En laissant sa révélation à la charge des critiques de son idéologie, le système capitaliste et ses laquais médiatiques font peser sur eux une logique du soupçon : il faut être ignoble pour voir des relations de pouvoir là où agissent des apparitions proprement humaines, des sujets plus ou moins autonomes. Comment en effet décrire des gens comme Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Annick Girardin, qui dominent précisément l’actualité de ce jour de mars comme de simples marionnettes des structures ? Et pourtant, quand on examine de près ce dont il est question, on voit que les personnes sont bien animées par des mécanismes plus profonds :

En effet, si l’exclusion de ce dernier en août 2015 comme membre du FN avait été confirmée par les tribunaux, la justice avait quand même certifié, paradoxalement ( « en même temps » ) qu’il restait président d’honneur du FN grâce aux statuts depuis le 16 janvier 2011 (décision de la cour d’appel de Versailles du 9 février 2018). Avec ce nouveau nom, se présentent ainsi un nouveau parti et des nouveaux statuts, adoptés par 79% des adhérents le 11 mars 2018, qui évitent soigneusement d’inclure Jean-Marie Le Pen dans l’organigramme.

« Rassemblement national : les nationautes de la Marine », Agoravox, 12 mars 2018

Il y a un effet déceptif de la politique menée, avec un décalage entre le discours de Macron et la promesse d’augmenter le pouvoir d’achat, d’une part, et les effets réels de sa politique, d’autre part.

« Le déclin de la maison Macron », Agoravox, 12 mars 2018

C’est-à-dire que nous arrivons à l’opérationnalisation de la crise prévisible dès l’élection de Trump, à la maturation de la terrible opposition entre Trump et Washington D.

« Mexical-Calimex et la 2ème Guerre Civile », Dedefensa, 12 mars 2018

‘Frappe le premier’ Né le 7 octobre 1952 dans une famille ouvrière qui occupait une pièce d’un appartement communautaire à Léningrad (Saint-Pétersbourg), Vladimir Poutine n’était en rien prédisposé aux ors du Kremlin.

« Poutine, l’incontournable patron de la Russie », Challenges, 12 mars 2018

" " Mayotte est une terre d’accueil, qui a accueilli trop de monde ", estime Annick Girardin, interviewée par Mayotte la 1ere. 17h24 : La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, en visite à Mayotte, est interviewée par Mayotte la 1ere. Vous pouvez regarder cet entretien en direct sur Facebook.

« DIRECT. Mayotte : la ministre Annick Girardin promet des renforts pour « répondre à la demande de sécurité des Mahorais » », franceinfo, 12 mars 2018

Inutile de réécrire ici les remarquables formules de Marx à propos du 18 Brumaire, on voit les risques qu’il y a à prendre les vessies pour des lanternes (surtout quand ces dernières ne sont pas rouges !)

Quels sont les nouveaux sigles ?

Le capitalisme cognitivo-informationnel a besoin des sigles. Fonctionnant comme autant de codes permettant de ne pas confondre les valeurs sur le marché des biens symboliques, les sigles contribuent à l’aliénation des masses. Tous les jours de nouveaux sigles viennent inhiber les capacités critiques en marquant le fossé entre ceux qui ont accès aux informations et ceux qui n’y ont pas accès. Cette fracture symbolique redouble la fracture économique et sociale. Par exemple, il faut savoir ce que signifient des sigles comme : SAVM, PIPSC, UDCA, AMACV, DESCF, CIMM, SMITH, GTEP, NPOIU

Pour bien prendre conscience de tout ce que la fraction bureaucratique de la classe dominante parvient à dissimuler sous les sigles – et comment les classes dominées sont conduites à se penser dans ce même jargon bureaucratique – il suffit d’ouvrir les nouveaux sigles du jour (que je découvre en même temps que toi !) :

SAVM
Syndicat Autolib Vélib Métropole,
PIPSC
Professional Institute of the Public Service of Canada,
UDCA
Union de défense des commerçants et artisans,
AMACV
artisanat et métier d’art communication visuelle,
DESCF
diplôme d’études supérieures comptable et financières,
CIMM
centres d’intérêts matériels et moraux,
SMITH
Smart Medical Information Technology for Healthcare,
GTEP
Grand Technion Energy Program,
NPOIU
National Public Order Intelligence Unit

Je note les personnalités du jour

Ne pas oublier à chaque fois que tu vois Xi d’associer Jinping !

Je m’adresse au script spécialisé dans les personnalités publiques, qui a du mal avec les prénoms issus des langues orientales !

Le président chinois Xi Jinping durant la session plénière de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, le 11 mars 2018 (AFP/Archives – FRED DUFOUR).

« Présidence « à vie » : une réforme en catimini pour Xi Jinping », Challenges, 12 mars 2018

L’état du palmarès des 30 premières personnalités de l’actualité

Et donc, comme d’habitude (célèbre chanson n’est-il pas… je m’égare….), je décompositionne le palmarès cumulé des personnalités en deux périodes – je me demande d’ailleurs si le fait d’afficher au premier plan la période ancienne ou la période récente – ou l’inverse du contraire à un signe près, cela change quelque chose à l’interprétation que l’on peut en faire (surtout en lecture rapide ;-)). Soit donc les personnalités qui ont marqué les 60 derniers jours (du 11 janvier 2018 au 12 mars 2018) :

60 Macron
60 Trump
28 Poutine
26 Merkel
25 Le Pen
20 Wauquiez
15 Netanyahu
13 Mélenchon
13 Collomb
12 May
12 Puigdemont
12 Weinstein
12 Edouard_Philippe
12 Erdogan
11 Le Maire
11 Assange
11 Hulot
10 Darmanin
9 Maduro
9 Sarkozy
9 Zuma
8 Marx
7 Berlusconi
7 Fillon
7 Pence
6 Skripal
6 Jong-un
6 Hallyday
6 Spinetta
6 Fourcade

Et maintenant, le palmarès de la période antérieure (du 14 septembre 2004 au 10 janvier 2018) :

3058 Sarkozy
2063 Hollande
1698 Obama
959 Fillon
885 Royal
870 Poutine
856 Valls
807 Bush
786 Le Pen
759 Chirac
706 Trump
665 Merkel
611 Clinton
586 Macron
540 Villepin
407 Bayrou
368 Mélenchon
354 Netanyahu
351 Kerry
336 Ayrault
333 Abbas
332 Aubry
321 Erdogan
315 Copé
282 Juppé
282 Kadhafi
270 Fabius
248 Cameron
244 Berlusconi
236 Hamon

La nécrologie du jour

Le néolibéralisme sait tirer profit de la mort. La mort est un marché certain comme on dirait au pôle Jourdan. La multiplication des services se fonde en tout cas sur l’idée d’un marché en plein essor.

D’ailleurs, Jean-Pierre Sirugue, président de la compagnie d’assistance de Voeu funéraire assistance, est persuadé que « le service au client ante et post mortem va profondément changer d’ici aux cinq ou dix ans à venir ». Un signe ne trompe pas : une licence universitaire de gestion et conseil des situations de deuil vient d’être créée à Paris-V.

La géopolitique m’a toujours intéressé

Bien que, exceptionnellement, les Etats-Unis n’occupent pas le tout premier plan de l’actualité (France et Russie arrivent en tête du « classement » ), il est clair que la géopolitologie ne peut faire l’économie des structures de pouvoir qui s’organisent à partir du leadership américain. C’est ce que montrent les relations Etats-Unis – Russie :

Une rivalité sur le contrôle des territoires oppose le camp du régime syrien soutenu par la Russie et l’Iran à celui de la coalition occidentale menée par les Etats-Unis qui soutiennent les combattants FDS, Kurdes en majorité.

« La nuit où des mercenaires russes ont été tués en Syrie », AFP, 12 mars 2018

Jusqu’à présent classée 4e sur le marché des ventes d’armes, elle arrive sur le podium, juste derrière les États-Unis et la Russie, en 3e position.

« Armes : des ventes en hausse », franceinfo, 12 mars 2018

La Russie refuse d’être mise en cause L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, s’est insurgé contre la mise en cause de son pays par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni.

« Les grandes puissances s’opposent à nouveau sur la Syrie devant le Conseil de sécurité de l’ONU », Le Monde, 12 mars 2018

A l’échelle mondiale, la Syrie cristallise les tensions héritées de la Guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie.

« La Syrie et l’impossible paix », Agoravox, 12 mars 2018

Elle exhorte au contraire inlassablement à une reprise des « Pourparlers à six », ces négociations sur le programme nucléaire nord-coréen qui réunissent également les deux Corées, le Japon, les Etats-Unis, et la Russie, et qui sont suspendues depuis 2009.

« International – Sommet Trump-Kim : un tournant risqué pour la Chine », AFP, 12 mars 2018

Les niveaux de production de ces dernières années ont permis à la Russie de dépasser les Etats-Unis comme premier exportateur mondial de blé, une victoire très symbolique dans un climat de quasi Guerre froide entre Moscou et Washington.

« Poutine se vante d’avoir fait de l’agriculture une « locomotive » économique », Challenges, 12 mars 2018

Sergueï Skripal, un ancien colonel de la GRU (services de renseignement militaires russes), avait été condamné en 2006 en Russie pour avoir fourni au MI6 (services secrets britanniques) les noms de dizaines d’agents russes, avant d’être gracié en 2010 par Dmitri Medvedev, alors président, puis échangé la même année avec dix espions russes détenus aux Etats-Unis.

« Espion empoisonné : la TV russe accuse Londres, Moscou « pas concerné » », Challenges, 12 mars 2018

Je passe à la suite !

Dans la plupart des affaires actuelles, par exemple Weinstein, favoritisme, Skripal, Tarnac, empoisonnement, comptes de campagne, corruption, Coupat, Londres, Litvinenko, statut, chemise arrachée, droit commun, production, antiterrorisme, moteurs, OGM on lit les effets, certes rendus méconnaissables par l’efficacité proprement symbolique du champ judiciaire, des multiples contradictions qui traversent la société capitaliste up to date. Il faut se garder en tout cas,comme le rappelle Antoine Lyon-Caen, et la plupart des critiques lucides des évolutions du droit, de les traiter au cas par cas sans chercher à y lire des tendances plus profondes.

Il est l’heure de se séparer camarade !