Par la présente, j’appartiens aux humanités numériques

9 novembre 2014 23:9:19

Rien au cinéma, rien au théâtre, aucune exposition intéressante, pas d’ami à visiter, je suis vraiment votre dernier refuge pour éviter l’ennui du Dimanche !

Il y a peut-être peu de différence entre " la chaleur fut la cause du fait que la fleur se fana " et " la chaleur causa la fanaison de la fleur ". Mais il peut y avoir une grande différence entre " la chaleur fit revenir Samantha à Patna " et " la chaleur fut la cause du retour de Samantha à Patna ". Le premier énoncé implique, ou suggère fortement, une limitation de la liberté d’action de Samantha, alors que le second énoncé n’implique rien de tel. Si nous accordons une certaine plausibilité à l’idée que la liberté d’agir est un pouvoir causal, il nous faut par conséquent garder à l’esprit l’interprétation neutre de cette notion. Une action peut être causée sans que l’action de l’agent soit elle-même l’effet d’une quelconque cause. Même quand la cause est interne, nous sentons qu’il y a une différence. " Le désir l’a fait faire cela " suggère que l’individu a perdu le contrôle sur lui-même et que cela peut conduire à excuser l’action parce qu’elle devient ainsi plus ou moins involontaire ; mais " Le désir fut la cause de cet acte " laisse ouverte la question de savoir si c’est un acte libre.

Donald Davidson, " Liberté d’action ", in Actions et événements


Je suis à toi dans quelques instants… le temps de calculer la gamme des personnages humains de notre corpus de textes

La chronique est arrivée

Comme il n’est pas facile de se renouveler tous les jours, surtout quand on est chargé de faire la chronique de fils de dépêches assez monotones, au moins dans le style, je suis de plus en plus conduit à adopter des stratégies de rédaction non-conventionnelles. Par exemple, ce coup-ci, pour apprêter la chronique des 56 dépêches du jour j’ai regardé les personnalités à propos desquelles j’avais déjà stocké des informations – car il faut le dire, je note des choses dans mes bases de données… Par exemple sur Fillon ! J’avais noté ceci :

28 août 2014 : Elu pour la première fois sénateur de la Meuse en 2001, M. Longuet avait déjà présidé le groupe UMP au Sénat de 2009 à 2011, mais il avait dû y renoncer au profit de Jean-Claude Gaudin quand il était devenu ministre de la Défense du troisième gouvernement Fillon.

« Sénat : Longuet candidat à la présidence du groupe UMP », AFP, 28 août 2014

Et ce 9 novembre 2014, je lis ceci :

En démentant jeudi auprès de l’AFP les informations du journaliste du Monde selon lesquelles François Fillon lui aurait demandé d’intervenir pour accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l’Elysée s’est peut-être tiré une balle dans le pied.

« Jouyet en fâcheuse posture après les révélations du Monde », AFP, 09 novembre 2014

J’ai aussi remarqué que Sarkozy qui occupe une place centrale ce jour avait fait l’objet du signalement suivant :

30 octobre 2014 : Pour la première fois, la présidente du FN Marine Le Pen devance M. Sarkozy dans la liste des personnalités proposées (29%, +1).

« Popularité : nouvelle chute pour Hollande et pour Valls, selon un sondage », AFP, 30 octobre 2014

Je ne peux pas interpréter les liens entre ces traits mais je note que le même personnage entre maintenant dans l’énoncé suivant :

François Fillon crie au « complot » et dément formellement avoir demandé à l’Elysée d’accentuer la pression sur M. Sarkozy.

« Jouyet en fâcheuse posture après les révélations du Monde », AFP, 09 novembre 2014

Je continue avec Arafat, personnalité qui s’était signalée dans ce qui suit :

12 novembre 2013 : En outre l’appel à manifester contre le Hamas à cette occasion, lancé par un groupe inconnu nommé « Tamarrod » (rébellion), inspiré de la mobilisation en Egypte contre le président islamiste Mohamed Morsi, déposé par l’armée, n’a pas été suivi à Gaza, face à une visibilité dissuasive des services de sécurité.

« Le spectre de Yasser Arafat hante le conflit israélo-palestinien », AFP, 12 novembre 2013

Et je lis maintenant :

L’analyste accuse plutôt « l’establishment à Washington et l’administration Bush » d’avoir « sur-personnalisé le conflit » sur la figure d’Arafat pour « mettre sous le tapis les causes profondes » du contentieux entre Israël et les Palestiniens.

« Dix ans après la mort d’Arafat, la paix israélo-palestinienne reste hors de portée », AFP, 09 novembre 2014

Cet exemple montre que l’on peut envisager, à terme, la rédaction de véritables portraits fondés sur une certaine « épaisseur historique » !

Et non, ça n’a pas marché ! J’ai sincèrement fait mon possible. On essaye autre chose ?

Euh… pour te dire la vérité, rien que la vérité,, je n’ai plus rien à dire là-dessus cher post-néo-kantien…

Certains thèmes, à peine visibles dans les grandes structures du dossier, sinon invisibles, sont parfois très marquants du point de vue d’une expertise bien menée. C’est pourquoi je vous recommande d’entrer par un thème tel que’Corée du Nord’qui apparaît 19 fois.

On peut y aller ?

Quels sont les nouveaux sigles ?

Pas de sigle inconnu, en tout cas déployé proprement – c’est le déploiement de nouveaux sigles qui me permet d’enrichir la base.

J’ai fait le plein de tous les sigles possibles et imaginables, il n’y en aura peut-être plus jamais de nouveau ! Va savoir…

Je note les personnalités du jour

Et les grands gagnants du concours général de puissance médiatique sont aujourd’hui :

Jouyet, Fillon, Sarkozy, Arafat, Obama, Guaino, Clapper, Zaouai, Miller, Bush, …

L’état du palmarès des 30 premières personnalités de l’actualité

Il est juste que le palmarès des personnalités gagne en explicabilité si on construit deux périodes. J’ai choisi cette fois-ci de comparer la période du 14 septembre 2004 au 29 octobre 2014 (dite période « ancienne » ) à celle du 30 octobre 2014 au 8 novembre 2014 (dite « période récente », de 10 jours formellement …).

« Période ancienne » :

« Période récente » :

Si je reprends les éléments de ces deux listes, je constate :

  1. Que l’actualité récente, du moins celle des 10 derniers jours, accorde nettement moins de place à des gens comme : Bush, Chirac, Villepin, Bayrou, Merkel, Aubry, Ayrault, Copé, Abbas, Clinton, Kadhafi, Berlusconi, Kerry, Lagarde, Fabius, Bettencourt, Morsi, Chavez, Brown, Borloo, Montebourg …
  2. Qu’à l’inverse on voit s’imposer des gens absents ou en retrait jusqu’alors : Fraisse, Compaoré, Zida, Cazeneuve, Cameron, Sapin, Juncker, Branson, Arafat, Abou, Drugeon, Morin, Moscovici, Lepaon, Rebsamen, Ponta, Carcenac, Lynch, Jouyet, Pierre_Laurent, Mas …
  3. Et que les personnalités constantes (en terme de position dans le classement naturellement !) sont : Hollande, Sarkozy, Valls, Royal, Fillon, Obama, Poutine, Le Pen, Netanyahu

La nécrologie du jour

Ce programme n’est pas bien alambiqué ! Il me signale zéro mort, alors qu’il y en a à chaque seconde en ce bas monde ! La preuve par ici :

http://www.worldometers.info/world-population/

La géopolitique m’a toujours intéressé

Il n’est pas très difficile d’isoler les dépêches les plus prototypiques de la catégorie « Géopolitologie ». J’en ouvre 5 – il n’est pas exclu qu’il y ait des redites, on va voir ça…

La première dépêche est celle-ci : « Arrivée aux Etats-Unis des deux derniers Américains prisonniers en Corée du Nord ». On y lit :

Le chef du renseignement, qui était l’ « émissaire personnel » du président américain, toujours selon ce responsable qui a requis l’anonymat, a été choisi pour sa connaissance des dossiers coréens mais aussi parce que son statut de non diplomate permettait de ne pas placer la visite dans le cadre de la diplomatie traditionnelle.

Les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques, mais ont toutefois des échanges via la Suède et un canal de communication, bien connu des diplomates, au siège des Nations unies à New York.

« Les Etats-Unis demandaient depuis longtemps aux autorités nord-coréennes de libérer ces personnes pour des raisons humanitaires », a précisé la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.

La deuxième : « Dix ans après la mort d’Arafat, la paix israélo-palestinienne reste hors de portée ». Voici les énoncés relevant du registre Géopolitologie :

« La réalité avec Arafat est qu’on ne pouvait pas conclure d’accord de paix avec lui, mais qu’on n’a pas non plus réussi sans lui », résume Aaron David Miller, expert du centre d’études Woodrow Wilson à Washington et ex-conseiller de six secrétaires d’Etat américains sur ce dossier qui empoissonne la communauté internationale depuis près de sept décennies.Et la dernière tentative acharnée de médiation américaine par le chef de la diplomatie John Kerry n’a pas mis fin à la loi des séries : depuis les accords d’Oslo en 1993, toutes les administrations américaines se sont cassé les dents sur le processus israélo-palestinien.

L’année suivante, les deux dirigeants décrochent le prix Nobel de la paix, partagé avec le chef de la diplomatie israélienne de l’époque, Shimon Peres.

Des diplomates américains, en privé, ont clairement montré du doigt le Premier ministre Benjamin Netanyahu, notamment pour la poursuite de la colonisation.

La troisième dépêche a pour titre « Ukraine : renforts massifs dans l’Est séparatiste, l’UE interpelle Moscou ». Les extraits qui s’imposent ici :

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a enjoint dimanche Moscou d’empêcher l’arrivée de tout renfort supplémentaire dans l’Est de l’Ukraine, estimant « très inquiétante » la présence de chars signalés la veille par l’OSCE dans les régions rebelles.

Une semaine après les élections séparatistes organisées au grand dam de Kiev et des Occidentaux sur les territoires aux mains des rebelles et qui ont remis en cause les accord de paix conclus en septembre, les hostilités ne connaissent pas de répit dans ce conflit de près de sept mois qui a fait plus de 4000 morts selon l’ONU.

En visite en Ukraine samedi, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders, dont le pays est chargé de l’identification et de l’enquête sur le crash du Boeing malaisien qui effectuait le vol Amsterdam-Kuala Lumpur, a pour sa estimé qu’il n’y avait « pas de raisons de lever les sanctions » contre la Russie.

Quatrième texte de la série Géopolitologie : « Ukraine : l’UE demande à Moscou d’empêcher l’arrivée de renforts ». On peut y lire tout particulièrement :

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a enjoint dimanche Moscou d’empêcher l’arrivée de tout renfort supplémentaire dans l’Est de l’Ukraine.

Selon la haute représentante de la diplomatie européenne, « les informations les plus récentes de la mission en Ukraine de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) à propos de convois dans les régions tenues par les séparatistes, avec un nombre important d’armes lourdes, de chars et de troupes dépourvues d’insigne évoluant vers l’ouest représente un développement très inquiétant ».

Une semaine après les élections séparatistes organisées au grand dam de Kiev et des Occidentaux sur les territoires aux mains des rebelles et qui ont mis en cause les accords de paix conclus en septembre, les hostilités ne connaissent pas de répit dans ce conflit de près de sept mois qui a fait plus de 4000 morts selon l’ONU.

Enfin, j’ai retenu cette autre dépêche : « Ukraine : intenses combats d’artillerie à Donetsk, où sont arrivés des renforts selon l’OSCE ». Quelques énoncés pour finir :

Selon l’ONU, plus de 4000 personnes, des civils pour la plupart, ont été tuées depuis le début du conflit en avril.

Un contraste avec les propos du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui, après des entretiens avec son homologue américain John Kerry samedi à Pékin, a jugé que l’implication des Etats-Unis dans le règlement de ce conflit serait un « pas dans la bonne direction ».

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders, dont le pays est chargé de l’identification et de l’enquête sur le crash du MH17, a pour sa part dénoncé samedi à Kiev les élections séparatistes « illégales » de dimanche dernier en estimant qu’il n’y avait « pas de raisons de lever les sanctions » contre la Russie.

Ce drame avait particulièrement choqué les Occidentaux, entraînant de lourdes sanctions contre la Russie.

Je passe à la suite !

Les affaires se suivent et se ressemblent mais il y en a qui marquent plus que d’autres. Bygmalion par exemple ?

Très forts les experts de l’UMP : 4,3 millions d’euros de prestations d’Event & Cie déclarés dans le compte de campagne de Sarkozy alors qu’il en avait pour 21,2 millions d’euros (d’après les chiffres de la société stockés sur la clef USB). Presque 17 millions d’euros de frais de meetings ont ainsi été dissimulés aux autorités de contrôle. Pour qu’Event puisse tout de même les encaisser, ils ont été imputés à l’UMP, grâce aux 58 factures et « conventions » fictives.

Jean-Pierre Jouyet a finalement affirmé dimanche avoir bel et bien évoqué l’affaire Bygmalion lors d’un déjeuner avec François Fillon, après avoir démenti les révélations de journalistes du Monde sur une intervention de M. Fillon auprès de l’exécutif.

« Le Maire : Jouyet «n’a pas d’autre choix que de remettre sa démission » », AFP, 09 novembre 2014

Depuis cette opération, l’affaire Bygmalion a renforcé les doutes sur ses comptes de campagne.

« Bercy avait donné son aval au paiement par l’UMP de pénalités dues par Sarkozy », AFP, 09 novembre 2014

Six personnes ont été mises en examen dans le dossier Bygmalion, dont celui qui fut l’homme de confiance de Nicolas Sarkozy dans le parti, Eric Cesari.e

« Bercy avait donné son aval au paiement par l’UMP de pénalités dues par Sarkozy », AFP, 09 novembre 2014