Des « flash mobs » (mobilisations éclair) aux révolutions arabes de 2011, l'avènement des TIC dans notre quotidien a déjà profondément modifié nos sociétés dans le sens de l'intuition de von Foerster, renforçant l'interdépendance entre les individus bien au-delà des cercles traditionnels, rendant ainsi possible de nouveaux types de comportements collectifs auto-organisés. Mais parallèlement, l'existence d'un point de vue « extérieur » aux interactions humaines, inconcevable à l'ère pré-Internet de von Foerster, ne cesse de se concrétiser à mesure qu'un nombre croissants d'activités humaines laissent des traces numériques (ex. échanges boursiers, ecommerce, publication en ligne, etc.) et que les utilisateurs des nouveaux services apportés par les TIC renoncent à des pans entiers de le vie privée. Que ce soit dans les domaines scientifique, économique, politique, culturel ou industriel, la collecte à grande échelle des traces numériques sociétales est au coeur d'importants enjeux, devenant l'un des secteurs les plus florissants de l'économie numérique.

David Chavalarias, "Rencontre improbable entre von Foerster et Snowden. L'éclairage de la seconde cybernétique sur la révolution du Big Data" (2016)